Bresil, derniere ligne droite
Seuls les imbéciles ne changent pas d'idée! Nous nous sommes quittés à Parati et j'avais l'intention de longer la Costa Verde. Mais une pluie persistante, la perspective de devoir traverser l'un des endroits les plus pollués au monde (au Sud de Sao Paulo), la mauvaise qualité de la route annoncée et enfin, le fait que je n'avais de toute façon pas le temps de rallier les chutes d'Iguaçu puis Buenos Aires dans les temps ont fait que j'ai pris le bus pour Sao Paulo puis pour Curitiba, capitale de l'état du Parana. Ouf, quelle longue phrase... De Curitiba, dernière ligne droite vers les chutes d'Iguaçu, soit presque 700 km pour arriver à la frontière commune entre Brésil, Paraguay et Argentine.
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J'ai donc finalement passé 24 heures à Sao Paulo, ville qui à mes yeux, présente peu d'attraits. Riche mais avec de nombreux sans-abri, c'est la 3ème plus grande ville du monde (20 millions d'âmes), avec une mixité ethnique incroyable. Intriguée par cette cohabitation, je me suis contentée de visiter le memorial do Imigrante et celui de l'immigration japonaise. Les Japonais, qu'on voit chez nous plutôt effacés sont au Brésil (2ème et 3ème générations) beaucoup plus volubiles et expressifs; un vieillard m'a même sifflée pour attirer mon attention! Au départ, ces migrants sont venus travailler dans les plantations de café et dans l'agriculture essentiellement. Je ne peux m'empêcher de les observer, d'essayer d'imaginer d'où venaient leurs ancêtres qui ont embarqué vers le nouveau monde pour une vie meilleure, et ce surtout de 1900 à 1940.
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L'état du Parana a vu arriver de nombreux immigrés Allemands, Lettons, Ukrainiens, Polonais... Les saucisses de Frankfurt sauce tomate, le pain gris en tranches, les boules de Berlin ont fait leur apparition dans les buffets petit-déjeuner. Dans les petites villes, il y a des vasques de fleurs bien proprettes, une femme blonde joue de l'accordéon, une église orthodoxe est visible au loin, le gazon est fraîchement tondu le long des routes. Dans ce décor presque Européen, une zone spéciale indigène: les indiens, que j'ai trouvés tristes et crasseux, vendent de l'artisanat le long des routes. Ca me fait mal au coeur, ils n'ont plus de terrain de chasse, au propre comme au figuré... Mais ils sont l'objet d'une attention toute spéciale de la part du gouvernement.
La tenancière d'un hôtel me met en garde contre les bandits qui attaquent les riches voyageurs qui vont aux chutes d'Iguaçu. Mon short et mon tee-shirt décolorés par le soleil et les lavages ont dûs être suffisamment dissuasifs... Par contre, à 3 reprises, j'ai été dépassée par des motocyclistes qui ont fait demi-tour pour m'attendre et m'accoster; je me demandais si c'était la nouvelle génération de bandits de grands chemins et s' ils avaient troqué leur monture de bandeirantes contre une moto. Évidemment, il ne m'est rien arrivé...
Roger, un cycliste, parcourt une quinzaine de km avec moi. Il m'offre un gel chocolat-orange pour me donner de l'énergie, pas plus efficace que les délicieuses petites bananes que je mange scrupuleusement toutes les 90 minutes. A un péage de route, on me fait goûter à l'erva maté, breuvage à base de plantes aux multiples bienfaits qu'on sert dans une calebasse et qu'on boit avec une paille en or, argent, ou alu... Une paille pour plusieurs personnes qui partagent le même maté...
En cette fin d'hiver, c'est la période des moissons. Certaines villes me font penser à "Bagdad cafe" et le soir, je bavarde avec les camionneurs qui s'y arrêtent. C'est le 1er jour de travail d'un jeune barman et je lui apprends comment faire un sandwich jambon-fromage et une caipirinha; ce genre de moment donne toute la saveur à mon voyage.
Peu avant Foz do Iguaçu, un panneau avec indication de distances internationales me laisse rêveuse...
J'arrive aux chutes, plus hautes et plus larges que celles de Victoria et du Niagara. L'apothéose de mon voyage au Brésil, une incroyable beauté, de l'eau éclairée par des arcs en ciel, un vacarme étourdissant... A présent, je m'en vais les admirer depuis l' Argentine.
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