Murcia-Lyon, 1610 km

Publié le par Paloma

Je traverse agréa-blement l'Espagne, non par le centre comme en mai 2007, mais par la côte Est et la Médi-terranée.

La pluie, habituellement rare, montre souvent le bout de son nez et les montagnes, quoique peu élevées, se dressent régulièrement sur ma route. Je renoue avec les joies du camping et rencontres moults retraités allemands, néerlandais et belges. Tous voyagent en camping-car ou caravane, utilisant des vélos pour leurs petits déplacements. Les pistes cyclables sont nombreuses le long de la côte, les cyclistes également, tout comme dans le Midi de la France.



Je m'arrête 24h à Barcelone; moi qui n'ai aucun sens créatif, je m'aperçois une fois de plus à quel point j'apprécie l'architecture : Horta, Niemeyer, Gaudi, autant d'artistes pour lesquels je n'hésite pas à faire le déplacement. La ville est envahie par les cyclistes, les pistes cyclables et les parkings pour vélos.
Mes pneus ont piètre allure, entaillés et pleins de patchs, mais je n'en trouve aucun qui me donne satisfaction et les crevaisons se succèdent. Les abords des bulles à verre me guettent goulûment...
Je suis frappée une fois de plus par le nationalisme catalan. En Amérique du Sud, j'avais été étonnée en regardant les livres d'admission des hôtels et musées de voir le nombre de Britanniques et Espagnols qui écrivaient à côté de nationalité " euskadi (pays basque), écossais, gallois ou catalan". Bizarrement, je n'ai jamais vu flamand ou wallon!

Le long des routes, il y a de nombreuses prostituées. Assises sur des chaises de jardin en plastique, les jambes enserrées dans des bottes ou cuissardes en simili-cuir, et le téléphone vissé à l'oreille, nous nous saluons, filles de la route chacune à notre manière...
Je traverse les Pyrénées sous la pluie, presque sans m'en apercevoir.

Après avoir passé 1 an et 23 jours à parler espagnol, portugais et portugnol, me voici en France! Aucun doute là dessus. Dès la frontière, de grosses revendications peintes sur la route "non à la ...", des WC à pédales dans les campings, des claviers azerty et non plus qwerty, des boulangeries-pâtisseries qui excitent mes papilles gustatives. Les croissants aux amandes et chocolat, rien de tel pour la cycliste en manque de calories, de magnesium, de graisses et de fruits secs. Je compare leurs mérites respectifs partout où je passe. Les pains plus blancs que Dash et gonflés à l'air du Brésil sont déjà bien loin.

A Narbonne, je profite de l'excellent accueil de Blandine et Serge. Ce dernier, après avoir dégraissé mon vélo, m'accompagnera durant une dizaine de km sur sa bécane, tout comme le fera plus tard son beau-frère Dominique. Je me suis acheté des nouveaux pneus, des Nimbus renforcés au Kevlar, moins confortables que les matelas du même nom  et que mes pneus Schwalbe, mais acceptables quand même.
Palavas-les-Flots, nom sympathique mais triste record de coût; camping à 19,15 Euros, pour une cycliste dans une tente qui ne fait pas 2m2! Le jour suivant, le gérant du camping, intéressé par mon aventure, ne me fera pas payer, modeste contribution à mon voyage...

En Europe, les distances me semblent très petites. Je traverse chaque jour 1 ou 2 départements. Les montagnes, elles aussi, sont plus basses. Une grosse montée fait 2 ou 3 km, qu'il est loin le Pérou avec ses montées de 21 km!
Je traverse la Camargue, la Provence, je longe la montagne Sainte-Victoire si chère à Cézanne. Partout, un accueil des plus sympathiques, un vif intérêt pour mon voyage, de très chouettes rencontres. Tout va bien, je suis heureuse sur mon vélo.

A Solliès-Pont, je retrouve mes anciens collègues du Laos, Véronique, Dominique et Damien. Je m'y sens comme en famille et c'est en leur compagnie que j'ai soufflé mes bougies d'anniversaire,... en 3 ou 4 fois! Petits cadeaux pour la route, notamment une superbe veste cycliste coupe-vent, anti-transpiration, imperméable. Je me demande déjà comment j'ai pu survivre une année durant sans cette veste.
Sur la plage, nous regardons évoluer les kitesurfeurs, poseurs diplômés.


Le Luberon est envahi par les Belges, les villages provencaux sont très beaux. Je fais des rencontres insolites, telle celle avec 2 jeunes Chinoises venues apprendre le français et gagnant leur argent de poche en cueillant des fraises. A la sortie d'un supermarché, quelle n'est pas ma surprise de découvrir un vélo randonneur garé à côté du mien! 5 sacoches identiques aux miennes, mais en jaune, avec en sus un gros sac boudin sur le porte-bagages. Je me sens légère à côté de ce gros paquetage. Le conducteur de ce destrier est un Néerlandais plus tout jeune qui part à Seville; comme moi, l'itinéraire prévu est souligné sur la carte au marker fluo, comme moi, il roule une centaine de km par jour et comme moi, il a acheté pain, fromage, bananes et chocolat Côte d'Or. Mais lui va vers le Sud, et moi vers le Nord.
Il pleuvine la journée et des orages éclatent chaque nuit. Mon linge ne sèche plus, je le pends à mon guidon à la pause déjeuner si la météo le permet, ce qui crée parfois des situations embarrassantes. Un mécanicien est venu voir ce que je fricotais et ne pouvait détacher les yeux de mon soutien-gorge qui pendait nonchalamment à mon guidon.

Sans le savoir, l'itinéraire soigneusement préparé avec l'aide de Véro suivait en fait le trajet Marseille-Lyon Bis de bison futé. Itinéraire qui emprunte de très jolies routes et que je ne peux que recommander; cela évite de rester coincé des heures dans les bouchons de la vallée du Rhône et de devoir accepter l'eau distribuée par la Croix-Rouge ou le Secours populaire français!

La RN7 permet d'entrer sans encombre dans Lyon, le pied! Je m'arrête chez un vélociste pour qu'il règle mes vitesses, tous les clients se penchent sur ma bécane et me bombardent de questions. Je repars avec un flacon d'huile, cadeau du vélociste qui m'a trouvée sympathique, et un cycliste qui m'amène  jusqu'à ma destination. J'ai toujours beaucoup apprécié les Lyonnais et mon bref séjour s'annonce sous d'heureux auspices.
Je retrouve Marie et Côme, plongés dans leurs révisions jusqu'au cou. Je me fais un plaisir de leur concocter des petits plats et essaye vainement de faire sécher ma tente à leur balcon, évoquant, au choix, soit un hamac, soit le drapeau brésilien vert et jaune.

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N
Pas de chance avec le temps, il a plu tout le mois de mai.A part la mer, la côte est pas terrible, trop de construction. Encore 1 semaine et tu seras à bruxelles. Cela va te changer de dormir dans ton lit.
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