Macédoine de l’Ouest

Publié le par Paloma

Macédoine de l’Ouest

Nous nous sommes quittés à Drama où, déjà, je me sentais sur la dernière ligne droite en Grèce. Je retourne vers Thessalonique et ne referai que 25 kms de trajet identique à celui de l’aller, le long de la mer.

Je retourne dans le même camping ou le tarif est passé de 8 à 9 € car on entre dans la haute saison. Ça ne se voit guère, il n’y a presque personne au camping, tout comme dans les endroits touristiques d’ailleurs. C’est là que j’ai mon dernier ⛈ orage. C’est là aussi que j’observe les cyclistes des douches (la distance entre les douches et la caravane étant trop importante), en complément des cyclistes en lycra (ceux du dimanche en peloton petit ou grand) et des cyclistes à sacoches (les randonneurs, ceux qui profitent à fond des régions qu’ils traversent).

Sur Windy Maps, je constate que je suis l’Eurovelo 11, également nommée véloroute de l’Europe de l’Est, qui rallie Athènes à la pointe Nord-est de la Norvège, tout un programme. Il n’en est fait mention nulle part sur la route, sans surprise, car baliser coûte cher. La priorité est d’entretenir les routes car ici, l’essentiel est invisible pour les yeux!

Sur la route, je m’interroge sur tout ce que je vois et je note mentalement les recherches à faire le soir à l’étape. Le sujet du jour porte sur les tournesols 🌻 et leur faculté à suivre les rayons du soleil.http://www.linternaute.com/science/biologie/est-ce-que/06/tournesol/tournesol.shtml

Moi, je les vois faisant une haie d’honneur lors du passage d’un cortège royal, par exemple. J’ai l’impression qu’ils se mettent sur la pointe des pieds et allongent le cou pour mieux profiter du spectacle.

Les champs de lavande ne sont pas en reste pour les couleurs, mais les plants préfèrent se tenir sagement en cercle, pour se contempler les uns les autres.

Je longe le lac de Volvi (70 km2) puis celui de Koronia. Il n’y a pas un souffle de vent sous la canicule de 36 degrés mais je lis sur une pancarte que c’est un haut lieu du (kite)/surf.

Le lundi 21 juin, je suis surprise par le lundi de Pentecôte. Je l’ai déjà passé, mais à Bruxelles! Dans la religion orthodoxe, Pâques a eu lieu le 2 mai, et j’ai donc droit à un WE prolongé improvisé avec fermetures généralisées. 
 

Je longe des rizières et des champs irrigués par de jolis canaux à l’eau bien fraîche et qui accueillent généreusement les pieds des cyclistes échauffés. Les pistes sont parfois faites de petits galets et là, gare au dérapage. J’adopte alors la technique de ski de randonnée, çàd regarder loin devant pour garder le cap et l’équilibre; ça marche plutôt bien car je n’ai encore à déplorer aucune chute.

J’alterne petites routes de campagnes, chemins de terre/graviers/galets et voies de service des autoroutes.

L’histoire antique me pousse jusqu’à Vergina. C’est là que fut assassiné Philippe II de Macédoine. Son tombeau ne fut découvert qu’en 1977, sous un tumulus, à côté de 3 autres tombeaux.

Tumulus et sortie du musée

Le musée a été conçu sous un tumulus artificiel comprenant les 4 tombeaux et surtout, leur splendide contenu.

Couronnes, carquois, armures, vaisselle en argent,… le tout dans un état de conservation extraordinaire et dans une ambiance souterraine très particulière. Un site majeur finalement peu connu, un de mes must en muséographie.

Ce qui fait plaisir dans ce musée est qu’il est fréquenté par… des groupes scolaires. J’ai l’impression que la dernière fois que j’en ai vus, c’était dans une autre vie.

Et c’est vraiment chouette de les voir s’enthousiasmer sous leur masque. 2 jours plus tard, le port du masque à l’extérieur sera supprimé en Grèce.

Après Vergina commencent les choses sérieuses. Je rentre dans la montagne, que j’avais essayé d’éviter jusque là. Je renonce finalement à retourner aux Météores et me dirige vers Kozani.
 

Le température grimpe à 36 degrés et je franchis très très péniblement sous cette chaleur accablante un col à 1369 mètres. Les montées sont parfois très raides, ne me laissant d’autres alternatives que de pousser mon vélo. Je me dis que décidément, ce n’est pas possible, que je n’y arriverai pas, que ce n’est plus de mon âge, que je vais arrêter un pickup ou une camionnette et me faire embarquer en laissant ma fierté de côté. Je n’ai jamais regardé Koh Lanta, mais je m’y croirais. Au moment où j’en ai le plus besoin surgit une chapelle avec une fontaine, des tables, chaises, bancs, et un herboriste tombé de nulle part qui arrose méticuleusement ses plantes à l’aide d’un petit 🪣.

J’y bois 2 litres d’eau en 1h30, me repose et reprends courageusement la route. Il n’y a aucune voiture à arrêter, juste un brin de causette à faire avec des ouvriers qui élaguent les arbres.

Au café suivant, je suis accueillie par un couple qui m’offre des figues et des coings au sirop confectionnés par madame. Monsieur ne peut résister à la tentation de me demander mon âge, moi qui suis toute rouge et transpirante. Il ne peut croire que je me lance dans une aventure pareille plutôt que de couler des jours heureux comme lui, à regarder les passants.

La petite ville de Kozani est très vivante et agréable. L’église Saint-Nicolas a de superbes fresques du 17ème siècle.

La tradition se perpétue avec des fresques contemporaines.

Je continue ma route vers le Nord, fermement décidée à faire des étapes raisonnables pour ne pas aller au bout de ma vie. 
Les courbes de niveau ne sont pas vraiment visibles dans les villes. Je me retrouve dans une guesthouse perchée au sommet de la petite ville de Siatista et je me sens comme un forçat à pousser ma bicyclette, pareilles aux esclaves qui construisaient les pyramides. L’hôtesse du jour m’offre à mon arrivée un reste de moussaka froide (sic!), 6 cerises et une petite nectarine, de quoi me redonner un peu d’énergie. L’avantage à être au dessus de 700 mètres est qu’il n’y a plus de moustiques 🦗.

Heureusement, il y a toujours des personnes bienveillantes le long de la route, tels ces réparateurs de pneus qui m’ont préparé du café.

Celui du milieu garde un souvenir très ému de sa visite au sommet de la butte du lion à Waterloo.

La route continue à embaumer, je n’ai connu cela lors d’aucun autre voyage. C’est sublime. On trouve régulièrement des fontaines et énormément de ruches.

Elles mettent de jolies notes colorées dans le paysages.

Je suis arrivée à Kastoria où je séjourne 3 nuits. La ville tiendrait son nom des castors qui pullulaient dans la région. Le commerce de la fourrure a créé la prospérité de la ville.

Elle est située sur une presqu’île de toute beauté. Une petite route permet d’en faire le tour, ce que je n’ai pas manqué de faire ce dimanche matin.

Il y a tellement à écrire et à montrer sur cet énorme coup de cœur que je me réserve pour un prochain article.

Je prends le temps de visiter et j’ai parcouru 905 kms. J’ai surligné mon trajet à l’ancienne.

Votre œil averti verra que je suis toute proche de la frontière albanaise (infranchissable par voie terrestre) et de la Macédoine du Nord. C’est vers ce pays que je me dirige.

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P
Je suis à Florina. Ah, l’orthographe automatique..
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J
Chouette récit de voyage. Si j'ai bien compris c'est la détente avant la grande aventure. Profites-en bien, les montagnes arrivent.
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P
Je suis déjà bien dans les montagnes, je suis passée hier par une petite station de ski. Présentement, je suis à Florian, 17km de la frontière avec la Macédoine du Nord et celle-ci… est fermée. Problème de taille, je vais prendre la journée pour prendre une décision sur la conduite à tenir.
C
Merci pour le récit, les belles photos et le partage. Courage pour la chaleur !! Pense à l’Islande, ça te rafraîchira ????
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P
J’aurais aimé copier la capture d’écran mais ça ne fonctionne pas. A 14h18, mon iPhone s’est bloqué avec la notification « température! L’IPhone a besoin de refroidir avant de pouvoir être réutilisé. ». Jamais vu ça, j’ai eu peur qu’il n’explose entre mes mains.
A
Magnifique voyage, tu nous donnes des ailes et des envies. Bonne route, bon vent! Anouk
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P
Il faut suivre ses envies si on en a la possibilité. Go go go!
P
Et voilà ! J'y suis, je te suis sans pédaler ... Je n'en serais pas capable ! Merci pour la visite. Je ne connais pas ces endroits, donc c'est un vrai plaisir ! Bises, Patricia
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P
Merci Patricia. J’aurais aimé partager aussi de vive voix, mais Signal est capricieux. Je persisterai!