La lagune de Venise

Publié le 25 novembre 2020 par Paloma

La petite, mais non moins charmante petite ville de Chioggia est située sur une petite île d’à peine 0,67 km2. Elle marque l’entrée Sud de la lagune de Venise.

C’est dans son petit port de pêche que je prends mon 1er vaporetto afin de gagner l’île de Pellestrina. C’est là aussi que je découvre les Alpes enneigées en toile de fond. Magnifique spectacle.

Après une courte traversée, j’arrive à Pellestrina. Cette petite île de 12 kms de long et 120 mètres de large a un commissariat de police, excusez du peu. Une voiture campe près du débarcadère et voit en moi une proie de choix dès mon débarquement. Contrôle d’identité! Le policier qui se trouve dans la voiture examine ma carte, consulte sa tablette, téléphone, reconsulte sa tablette, prend des notes, me demande si le mois de mai est bien maggio. Oui monsieur, c’est le 5ème mois de l’année. L’autre, le jeune, reste à l’extérieur et n’a pas l’air de plaisanter. Il me tient à l’œil et moi, je lui explique que j’ai quitté la Belgique depuis 7 semaines et que je rentre chez moi. Je suspecte que, en ces temps troublés, les Belges ne sont pas les bienvenus à l’étranger. Il s’abstient de me demander pourquoi je choisis une île minuscule pour regagner mes pénates. Après 20 bonnes minutes, on me rend ma carte d’identité en me faisant signe de poursuivre ma route. Avanti!

Sur l’île, il n’y a que des maisons basses et colorées, avec une digue verticale côte lagune et en pente côté mer Adriatique, ceci afin de protéger l’île des vagues et marées.

Je croise des cyclistes locaux, des commerces ambulants, mais aucun touriste.

Au bout de l’île, je reprends un bac pour gagner le Lido qui ne se trouve qu’à un jet de pierre. L’île est plus grande, plus peuplée, plus prestigieuse aussi.

C’est là qu’on trouve un terrain de golf, de nombreuses plages privées, des hôtels de luxe, et le palais du cinéma où s’organise chaque année la Mostra du cinéma de Venise.

L’hôtel Excelsior voisin est fermé, lui qui a accueilli tant de stars du 7ème art et de têtes couronnées, notamment le père de Delphine et son épouse Paola. Ils ont droit à des débarcadères privés.

Au bout de l’île, je dois prendre le ferry réservé aux voitures car les vaporettos refusent les cyclistes, tout comme la ville de Venise d’ailleurs. Le ferry a pour avantage majeur d’offrir une vue surélevée de la ville de Venise. Vraiment magnifique.

Je loue un Box pour mon vélo dans le parking de délestage obligatoire, je n’ai guère le choix.

J’ai loué pour 5 nuits un appartement superbement équipé, très bien placé, stratégiquement au dessus d’un pâtissier-chocolatier. Alberto m’y accueille et prend le temps de situer le quartier (Cannaregio) et de me prodiguer certains conseils, qui se révéleront être tous très judicieux. Je suis fin prête à explorer la ville.

Mon appartement est derrière le palais central

J’y suis déjà venue à 2 reprises. En 1980 sur la route de la Grèce, ça c’est sûr, et aussi entre 1984 et 1986. Venise n’a rien perdu de sa superbe.

Je crains une ville morte en l’absence de touristes à l’image de certaines stations balnéaires traversées ces dernières semaines, mais ce thème sera l’objet d’un autre article à paraître très prochainement. Les touristes sont absents, certes, mais la ville est loin d’être morte.

La foule des grands jours devant le palais des doges

Dire qu’il y a peu de touristes est un euphémisme. Aucun paquebot de croisière dans le port, une dizaine de touristes place Saint-Marc, une demi-douzaine sur le pont du Rialto, et le reste réparti dans la ville. Tous les cafés de la place Saint-Marc sont fermés. Je n’ai vu aucun Asiatique avec un appareil photo. Même les pigeons ont déserté la place Saint-Marc.

Une mouette a attaqué une fillette pour lui voler ce qu’elle était en train de manger. On se serait cru dans le film de Hitchcock.

Tous les musées ont porte close et on ne peut pénétrer dans les églises que pour prier, pas pour les visiter. Tant qu’on a le cœur pur 😇. Les cryptes et jolies mosaïques sont inaccessibles, de même que les campaniles et autres sacristies. Je dois ruser pour admirer furtivement les jolies stalles en marqueterie de l’église des Frari.

A l’ église de la Madonna de la Salute (ND de la santé), il y a de nombreux vendeurs de cierges à l’extérieur et de nombreux fidèles qui viennent brûler un cierge à la Vierge. C’est bien de circonstance, en ces temps d’épidémie, mais je lirai dans mon guide que ce WE-là avait lieu la fête de la Madonne. Habituellement, elle donne lieu à de grandes festivités mais cette année, elle a été réduite au strict minimum, à savoir remercier la Vierge et demander la santé.

Mais le spectacle est dans la rue, les canaux font jouer la lumière, on se déplace facilement, on a de l’espace, tout est toujours aussi beau et magique.

L'ancien ghetto juif est toujours habité par une communauté juive et est sous surveillance militaire. Ce quartier est encore bien vivant et plein de petites boutiques.

La seule exposition que je peux voir est une expo de sculptures contemporaines; elle a pris place dans un parc en plein air du quartier de l’Arsenal.

Ensuite, il y a aussi les îles au Nord de Venise.

Torcello fut la 1ère zone de peuplement de la lagune. Elle voit son nombre d’habitants diminuer chaque année. A ce jour, ils ne seraient plus que 11.

Impossible de pénétrer dans la basilique de Santa Maria Assunta, ni dans l’église qui la jouxte, pourtant d’un grand intérêt historique. Je me contenterai de prendre place sur le trône d’Attila.

Sur l’île de Burano voisine, le spectacle est dans les rues.

Ou plutôt sur les façades des maisons colorées. Elles sont toutes bien entretenues, le soleil est éclatant, c’est magnifique !

Le clocher de l’église penche dangereusement mais une habitante me rassure. Il est comme cela depuis des siècles et on prend bien garde à ne construire aucune maison dans son alignement penché. Mais c’est plus impressionnant encore que le rendu de la photo.

L’île de Burano, outre le fait d’être sublimée par cet éventail de couleurs, est pleine de vie. Les habitants sont à l’extérieur, les commerces nombreux, l’ambiance semble bonne.

Passer ensuite à Morano est un peu déprimant. Pas grand monde dans les rues, les magasins de verre sont fermés, à 2 ou 3 exceptions près, et on ne peut visiter les fabriques de verre. La belle surprise viendra de l’Eglise des Saints Marie et Donato.

Outre la partie extérieure toute en briques orangées, elle contient un pavement de mosaïques de toute beauté.

Cette mosaïque date de 1141 et est négligemment recouverte de chaises de camping (déplacées pour prendre les photos) qui garantissent la distanciation lors des offices.

Le soir, j’espérais pouvoir profiter d’une ville illuminée. Que nenni! Rares sont les palais illuminés, même l’église Saint-Marc et son campanile font la grève de l’électricité. Il y a le couvre-feu dès 22h, la ville se replie alors sur elle-même.

J’ai parcouru chaque jour de 18 à 20 kms à pied, au gré de mes envies.

Les Vénitiens portent tous le 😷 et correctement ! Il faut dire que les rues sont étroites, la promiscuité bien présente dans cette petite ville, et qu’un effort est indispensable si on veut tenir à l’écart Mrs Covid. A leur décharge, en grands adeptes du Carnaval, ils sont habitués à porter le masque 🎭.