L’Allemagne et la France

Publié le par Paloma

L’Allemagne et la France

Petit oubli. J’ai parcouru 306 km de Bruxelles à Remerschen.


Par rapport au passage des frontières, la réceptionniste de l’hôtel a tenté de m’expliquer, « si vous êtes rouge pour eux mais orange pour nous, alors... mais si eux sont rouge et vous vert, alors... mais pas si vous venez d’une zone orange et que... ». Comprenne qui pourra. Tout ce que je sais, c’est que je dois, d’abord, respecter les gestes barrière, ensuite, observer ce que font les gens. En Allemagne, les enfants portent un masque dès l’âge de 8 ans.
La frontière entre le Luxembourg et l’Allemagne est délimitée par la Moselle. Autant dire que cette frontière est inexistante. Pas de cerbère de service pour contrôler d’où l’on vient, si on a été testé...

Je grimpe sur les coteaux pour arriver à Orscholtz où on peut arpenter des passerelles puis monter à l’assaut d’une tour pour mieux admirer une boucle de la Sarre.
 

Il fait glacial, j’ai mis ma doudoune, mais le spectacle est magnifique et s’étend au loin malgré le mauvais temps.

 

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Canal_des_houill%C3%A8res_de_la_Sarre

En Allemagne, je me contente de longer la Sarre. C’est joli 10 minutes, mais lassant quand ça dure toute la journée. Ce n’est pas le canal qui s’est pendu mais la cycliste qui risque de déprimer à force d’avoir un paysage uniforme et longiligne sous les yeux. J’ai commencé à m’inquiéter quand je me suis mise à parler aux canards, les seuls interlocuteurs sur ma route.

Il pleut tout le long du trajet, il y a de nombreux itinéraires cyclables mais l’EuroVelo n’est jamais indiqué en Allemagne.

J’entre en France sans m’en apercevoir, toujours le long de la Sarre. J’arrive dans la région des hauts fourneaux, d’où venait mon arrière grand père Petrement. Les anciennes industries, que je trouve habituellement glauques, prennent ici une autre allure car il y fait un peu plus animé. 


Malgré le mauvais temps, je m’installe au camping. Le problème n’est pas la nuit sous tente car avec un bon équipement, on reste au chaud et au sec, mais c’est la soirée qu’il faut passer dans le froid et sous la pluie. Les pays scandinaves l’ont bien compris et mettent à disposition des campeurs légers de grands abris avec cuisine où tout le monde se retrouve le soir dans une joyeuse entente.

Ici, rien de tel, je suis toute seule avec un couple de retraités en caravane et je passe une partie de la soirée bien au chaud dans les WC/douche ultra propres pour handicapés. Aucun risque d’y être dérangée car il n’y a que des résidents permanents dans ce camping. Ça m’a toujours étonnée et attristée de voir des gens qui vivent dans un camping toute l’année. J’ai sans doute tort d’être attristée car ces résidents ne semblent pas malheureux pour autant dans leurs jolis chalets.

Au lever, 4 degrés; la réceptionniste me donne 2 superbes cartes cyclables qui m’amèneront jusqu’à Bâle. Je commence par le canal des houillères de la Sarre, qui permettait le transport du charbon de Sarrebruck vers Mulhouse. Le canal est bordé de jolies maisons d’éclusiers, certaines abandonnées, d’autres joliment restaurées. Il est bordé d’étangs, ça donne de la variété, et est destiné au trafic de plaisance. Je croise régulièrement des petites péniches de location. 
 


Dans le camping suivant, la pluie reprend de plus belle, et je me paye le luxe de louer une roulotte. La gérante russe m’annonce fièrement qu’il y a un frigo.. Personnellement, j’aurais préféré un petit chauffage.... Vu la météo, j’aimerais tracter cette roulotte, mais sa taille est disproportionnée par rapport à mon vélo.

 

Ensuite, toujours une histoire de canaux, celui de la Marne au Rhin. L’avantage, quand il fait mauvais, c’est qu’on n’y est pas éclaboussé par les voitures. Des volutes de fumée montent des arbres, tout suinte d’humidité, la piste est glissante.
En Allemagne, les écluses se passaient par commande électronique. En France, ce n’est pas le cas. Une floche pend en travers du canal, et il faut essayer de l’attraper, comme au carrousel. Après, on a un tour gratuit 😉.


Je traverse de jolis villages; la petite ville de Saverne est pleine de charme. Le balisage est parfait, et le restera partout en France, de même que les aménagements cyclables. Les pêcheurs sont nombreux, en tenue de camouflage destinée à tromper le poisson.

J’arrive à Strasbourg, je sens la fatigue et décide de suivre le conseil avisé d’un ami pour faire une pause culturelle.

Strasbourg est une ville qui a tout misé sur la mobilité douce. Trams beaux et spacieux, vélos tous azimuts. On y trouve des bornes avec outils et pompe à vélo.


Je m’interroge sur le port du masque dans les rues car environ 50% des piétons en portent, dont la moitié sur le menton. On n’a pas tout compris... Renseignement pris auprès de l’office du tourisme, le port du masque est obligatoire en extérieur. Incroyable comme c’est peu respecté. En revanche, si on veut faire brûler un cierge dans une église, cierge que plus personne ne touchera, il faut se passer les mains à la solution hydroalcoolique.

Je visite le beau musée d’Art Moderne et m’essaye à la création d’une œuvre d’art personnelle. 

Je me balade à travers les rives de l’Ill, c’est mon 1er jour de soleil depuis bien longtemps. L’horloge astronomique de la cathédrale est magnifique.

Je loge chez Marion et Charles, mes 1ers hôtes du réseau warmshower. Jeune couple très sympathique chez qui je me sens tout de suite à l’aise.

Je continue mon périple alsacien en empruntant la véloroute du vignoble alsacien qui fait suite au canal de la Bruche. Météo toujours aux nuages et à la bruine, mais j’apprécie grandement de ne plus suivre un canal car j’avais l’impression d’avoir l’esprit canalisé par l’eau et le vert. Comme il y a 10 degrés, je me paie le luxe de délaisser mon caleçon long acquis à Tampere pour mettre mon short acquis à Québec. Que des beaux souvenirs de vacances à vélo. Mes cuisses sont pleines d’ecchymoses, mais je suis loin des concours d’élégance. Le vélo est lourd et vite déstabilisé.

Je traverse de magnifiques villages, ça sent déjà le vin car les vendanges ont eu lieu la 1ère semaine de septembre. Je profite de ce que donne dame nature en ramassant noix, pommes et poires. Je me sens au meilleur de ma forme après cette petite journée off.
 


Je tombe sous le charme d’ Obernai et découvre un 1er nid de cigognes. Celles-ci viennent nicher de mars à octobre avant de repartir en Afrique.

A Colmar, je fais un passage rapide dans la petite Venise aux maisons colorées. Dans l’ensemble des villes et villages traverses, il faut noter un manque général d’animation. Les gens sortent moins de chez eux et les touristes ont déserté la place. Je suis la seule occupante de l’auberge de jeunesse de Colmar.

Je délaisse parfois l’EuroVelo 5 et poursuis ma route vers la Suisse. A la hauteur de Mulhouse, il y a 3 véloroutes en parallèle: la 5, la mienne, la 6 (Saint-Nazaire-Constanta en Roumanie) et la 15 (Rotterdam-Andermatt en Suisse). Toutes se rejoignent à Bâle. J’emprunte la 6, histoire de varier les plaisirs, et passe la frontière sur la piste cyclable le long du Rhin.
 

Pas de douane, mais un SMS gouvernemental à l’arrivée. Je dois m’inscrire et me mettre en quarantaine si je viens d’un pays de la liste noire. Je viens de départements français non tagués, ça c’est bon. Mais avant, c’était la Belgique, ça c’est mauvais depuis le 28 septembre, notre beau pays est sur la liste noire. Mais en cliquant sur la liste de la semaine précédente, c’était bon pour la Belgique, soit au moment où j’ai quitté le pays. J’ignore si vous avez suivi mon raisonnement ou si vous m’avez perdue en cours de route, mais je n’ai pas rempli ce formulaire. Je loge chez Ann, une cycliste warmshower installée de longue date en Suisse, et elle est d’accord avec moi. A nous la Suisse, après la pluie.

A ce jour, j’ai parcouru 752 km.

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V
Bravo Palomita! Tu nous manques évidemment! Mais quelle liberté!<br /> Gros bisous. Valérie A
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H
Bon voyage Paloma!! Gros bisous de Neil et moi
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P
Je m’entraîne pour vous suivre à ski dans quelques mois. Pourquoi pas en Finlande, cette fois-ci?
J
Hello Paloma,<br /> merci pour le partage de ton aventure, c'est super bien décrit...... on se croirait sur ton porte bagage ;-)<br /> Bonne route !
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P
Mon porte bagage montre précisément de gros signes de faiblesse. Présentement je pense à tes conseils pour le passage du St-Gothard. Beaucoup de pluie => chutes de pierres => danger! Mon hôte de Bâle me conseille d’aller me renseigner à la police.
M
Merci Paloma de nous faire voyager et de nous sortir un peu de notre routine....<br /> J’espère que tu ne parles plus trop aux canards ... ????<br /> <br /> Bisous et sois prudente ????
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P
Plus les canards. Mais il y a des vaches et des chevaux. Et surtout, plein de Suisses en goguette à pied et à vélo en ce beau dimanche.
M
Bonjour Paloma, <br /> Quel plaisir de te lire et de découvrir ces beaux paysages avec toi. <br /> J'espère que le beau temps va revenir et que tu n'auras plu à subir les bourrasques qu'on connaît actuellement (ou que tu aies le vent dans le dos). <br /> Bises.
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P
Je viens précisément de parcourir les derniers kms avec un super vent de face. Le col du Saint Gothard est tout proche et je n’aurai aucune honte à prendre le train si les éléments se déchaînent.